Linogravure… et plus si affinités

Avr,2016 | Linogravure & Co

Les gouges
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Linogravure kraft et papier blanc
Madame et Monsieur linogravure n°1
Une jupe raccommodée  par l'atelier Volapük
 Pieds qui brillent - par l'atelier Volapük
Linogravure sur tissu
Lino zoom

Grande découverte pour moi : la linogravure. Lino… comme linoléum. Celui qui a été inventé en 1860 par un ingénieur écossais, à la rechetrche d’un revêtement de sol sans joint, d’entretien facile et d’esthétique sobre. Je sais, ça vous fait rêver…. Pour en finir avec l’aspect technique, le lino est constitué d’une toile de jute imperméabilisée par un mélange d’huile de lin et de poudre de bois ou de liège. C’est donc une matière qui peut être facilement travaillée et offre pour la gravure une alternative intéressante au bois. La linogravure fut longtemps considérée uniquement comme un amusement d’écolier ou de la gravure d’amateur mais Matisse et Picasso lui ont donné ses lettres de noblesse ! Qu’est-ce que j’aime dans la linogravure ? Cela comble mon goût du bricolage ! Aïe, ça fait plutôt amateur que grande artiste ? C’est comme ça. J’aime ce contact avec la matière. Après la première phase de dessin, on attrape les outils : les gouges. Elles servent à creuser le lino et enlever la matière aux endroits où on désire que l’impression reste blanche. Là c’est une question de dosage et de doigté. Appuyer assez pour que l’encre ne s’insinue pas dans ce creux, mais pas trop pour que la gouge ne dérape pas tout d’un coup. Car dans ce cas, pas de coup de gomme possible. Et si vraiment on avait la tête ailleurs et que quelques doigts traînaient devant, on se rend compte à quel point les gouges sont coupantes… Le geste doit être à la fois ferme et souple, concentré et détendu. Bref un juste milieu inspirant. Un autre aspect qui me plaît également dans la linogravure est l’aspect un peu brut voire imparfait du rendu. Le lino n’autorise pas la même finesse de gravure que d’autres supports, on reste donc dans des visuels un peu plus massifs, francs… Même si il est vrai que certains artistes arrivent à pousser la finesse loin ! La gouge pouvant déraper, l’encre pouvant parfois se déposer à un endroit inattendu, le processus d’impression étant manuel avec tout ce que cela implique de variations, on est donc dans une démarche qui réserve des surprises. Si vous achetez une linogravure, votre tirage ne sera donc jamais totalement identique à son voisin. J’aime l’idée que même si on se fixe un objectif et que l’on essaie de maîtriser son travail, cela fait également partie du processus de création d’accepter et d’accueillir les surprises. Et celles-ci sont souvent porteuses de valeur ajoutée. Par exemple une de mes impressions du dessin que j’appelle “Madame et Monsieur” avait connu un petit accident : sur une partie de la jupe un bout de papier s’était glissé, empêchant l’impression de se faire sur une petite portion. J’étais à 2 doigts de jeter le tirage…. Au lieu de faire cette bêtise j’ai finalement eu l’envie de broder cette partie “amputée” avec des fils de coton. Et voilà que le tirage se retrouve enrichi et éclairé par cette rencontre. Une belle petite parabole non ? Enfin c’est un terrain de jeu immense que m’ouvre la linogravure : sur papier, seule ou avec fil, tissu, aquarelle. Sur tissu, pour s’afficher sur vos murs ou jouer sur un abat-jour. Avec une couleur ou plusieurs… Ah, le temps manque…. Vous pouvez retrouver “Let’s Wax” ici